Avec l'Hôtel-Dieu, Lyon invente le centre-ville du futur
Dans cet ancien hôpital construit il y a 900 ans et classé monument historique, la ville a fait construire un complexe mixte de bureaux, commerces, chambres d’hôtel… en respectant l’authenticité des bâtiments. Un chantier inédit qui a reçu en 2018 le prix spécial du SIMI.
C’est la première fois qu’une telle opération de reconversion est confiée à un opérateur privé. Lieu emblématique de la ville de Lyon et classé Monument historique, l’Hôtel-Dieu doit être totalement réhabilité dans le but d’accueillir un hôtel cinq étoiles, une Cité Internationale de la Gastronomie, un centre de convention, ainsi que des bureaux, des commerces et quelques logements, d’ici 2018. Le projet, baptisé Grand Hôtel-Dieu, se fait sous la direction du groupe Eiffage, accompagné par Generim.
Construit au 12e siècle, cet ancien hôpital a fonctionné sans interruption jusqu’en 2010. Agrandi au fil des siècles, le site occupe aujourd’hui 2,2 hectares en hyper centre-ville. Sa longue façade et son dôme en bordure du Rhône, dessinés par l’architecte Soufflot au 18e siècle, sont ainsi devenus emblématiques de la ville de Lyon.
« C’est un chantier très complexe, explique Thierry Brossard, directeur de projet chez Eiffage Construction. En effet, le site est composé de plusieurs parties, datant d’époques différentes. Pour chacune, il faut adapter les modes d’intervention ». De plus, 11 500 mètres carrés de bâtiments nouveaux vont être construits sur la parcelle. « Ce chantier est considéré comme le Viaduc de Millau du monument historique », ajoute Yves Rivoal, responsable CSPS Rhône-Alpes Auvergne chez Bureau Veritas Construction, qui suit le chantier depuis sa phase préparatoire en 2012.
(Crédit : Eiffage) Plan du futur Grand Hôtel-Dieu, qui réunira, à Lyon, une Cité internationale de la gastronomie, un centre de convention, un hôtel, des bureaux, des commerces et des logements, dans le cadre du projet Grand Hôtel-Dieu
1000 compagnons sur le chantier
Au total, plus de 40 000 mètres carrés de façades seront remises en valeur, plus de 15 000 mètres carrés de toitures restaurées, et près de 1 400 fenêtres rénovées. Le chantier va ainsi nécessiter 11 000 mètres cubes de béton et 800 tonnes d’acier.
Depuis le début des travaux en 2015, 500 compagnons en moyenne sont présents chaque jour sur le site. Lors des périodes les plus chargées, fin 2017, ce sont 1 000 compagnons qui devront travailler de concert. « C’est un exercice qui demande une adaptabilité, une coordination et une souplesse d’exécution exceptionnelle, explique Yves Rivoal. Bureau Veritas Construction, contribue à faire le lien entre les différentes entreprises présentes. »
Un architecte des monuments historiques
« La rénovation vise à faire retrouver aux bâtis et extérieurs toute leur majesté », explique Bernard Vitiello, directeur du projet chez Eiffage. Ainsi, nous échangeons presque quotidiennement avec les représentants de la Direction régionale des affaires culturelles et notre architecte en chef des Monuments Historiques, Didier Repellin, pour trouver les meilleures réponses, conciliant respect du patrimoine et du programme. »
Par exemple, de nombreuses salles de l’ancien hôpital comprennent des poutres et des poteaux, témoins de l’architecture française moyenâgeuse. Des autels, dont notamment un autel en marbre de plusieurs tonnes, seront conservés. Ils témoignent en effet du passé de l’hôpital, qui fut administré pendant plusieurs siècles par des religieuses.
Un hôtel 5 étoiles dans le dôme
Le bâtiment longeant les bords du Rhône, souvent considéré comme le plus prestigieux, doit accueillir un hôtel Intercontinental 5 étoiles. Le hall d’accueil de l’hôtel sera installé dans la partie centrale de la construction, à l’emplacement du grand dôme. De cette manière, les fresques de la partie interne sont conservées et mises en valeur.
(Crédit : Asylum) La Cour du Midi, dans le futur projet de Grand Hôtel-Dieu, à Lyon.
Symbole de cette fidélité à l’histoire, les rez-de-chaussées seront occupés par des commerces, comme au 18e siècle. A cette époque, l’administration de l’hôpital souhaitait en effet diversifier les ressources de l’établissement. « Ces boutiques permettront également de renforcer l’attractivité du lieu, explique Bernard Vitiello, directeur du projet. Ainsi, 8 000 mètres carrés de galeries commerciales et d’espaces extérieurs seront ouverts au public. » Des espaces qui vaudront le détour : les cours et jardins vont être aménagés sur le modèle de ceux de l’ancien hôpital.
|