Ce qu’il faut savoir sur la route des vacances
Les Français n’empruntent jamais autant les routes de l’Hexagone que pendant les vacances d’été. En connaissent-ils pour autant les dessous ? Les experts de Bureau Veritas ont rassemblé quelques pépites à connaître. À raconter à vos enfants pour les faire patienter sur le trajet vers la plage.
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4 CHOSES QUI PEUVENT VOUS ARRIVER SUR LA ROUTE DES VACANCES (ET QUE BUREAU VERITAS CONTRÔLE)
Les nids-de-poules
Comment naissent ces trous dans la chaussée, qui font craindre une crevaison quand on roule dessus sans pouvoir les éviter ? Par usure progressive, le plus souvent à la liaison de deux chaussées : des fissures se forment après de fortes contraintes (gel/dégel) ou lorsque les fondations vieillissent. De l’eau s’infiltre alors, chassant les granulats les plus fins ou, dans les régions froides finit par geler et dégrader le revêtement. « Les roues des poids lourds, par effet de succion, arrachent alors les bouts de bitume fissurés », explique Frédéric Boscaro, DG délégué de ACR (Assistance Contrôle Routier), filiale de Bureau Veritas spécialisée dans les contrôles qualité de chantiers BTP et routiers. La construction d’une route est donc toujours déterminée par son trafic poids lourd (le passage d’un seul camion équivaut à celui de dizaines de milliers de voitures).
La nausée de vos passagers
Le saviez-vous ? Si vos enfants ont le « mal de mer » pendant un trajet en voiture, c’est parce que cette dernière n’est pas complètement plane. Son tracé génère même des ondulations, parfois courtes (secousses), parfois longues. Ce sont ces dernières qui provoquent d’éventuelles nausées. Pour les réduire au maximum, les maîtres d’œuvre des chantiers routiers calculent précisément les trajectoires de la route en y intégrant une dimension de « confort de conduite ». Ils font ensuite contrôler, entre autres, les ondulations de la route, en y faisant rouler des chariots bardés de capteurs (baptisé APL, « analyseurs de profil en long »). Si les ondulations qu’ils relèvent sont trop fortes, on peut décider de reprendre le profil de la route en la rabotant ou en ajoutant une couche supplémentaire de bitume (« d’enrobé »). À expliquer à vos enfants pour leur faire penser à autre chose…
Une route soudain plus bruyante
Tout à coup, le bruit de roulement de votre voiture sur l’autoroute devient plus bruyant, et vous devez monter le son de la radio. Vous roulez certainement sur une zone de chaussée drainante. « C’est un enrobé spécial, plus poreux, plus ouvert, conçu pour évacuer l’eau de pluie plus rapidement », explique Frédéric Boscaro, chez Bureau Veritas ACR. Il a aussi la particularité d’étouffer un peu le bruit de la chaussée mais d’en générer davantage à l’intérieur de l’habitacle, par effet de vibration». Inconvénient : l’enrobé drainant est aussi plus fragile. A l’approche des péages, très sollicités, on remplit les pores en y coulant du béton pour le rendre plus rigide et plus résistant.
Une route très agréable à conduire
Une autoroute d’excellente qualité est souvent le fruit d’une réalisation méticuleuse par ses bâtisseurs : un sol support en parfait état (aplani, sans impuretés…), des couches successives de la bonne épaisseur, de la bonne densité et uniformément réparties, des « enrobés » de bitume suffisamment durs et appliqués à la bonne température en évitant la formation de boulettes de bitume (qui altèrent sa résistance)... Bureau Veritas ACR est chargé de contrôler chacune de ces étapes lors des chantiers, par exemple celui de l’A87 entre Angers et Cholet, à l’aide d’appareils sophistiqués (densitomètres électromagnétiques…) ou de carottages (comme sur la Banquise) permettant de valider la densité et la porosité de la chaussée, couche par couche.
POURQUOI VOUS POUVEZ FAIRE LE PONT SANS CRAINTE
On les emprunte sans plus s’en rendre compte. La France compte près de 250 000 ponts et ouvrages d’art. Des merveilles d’architecture, qui ont désenclavé des territoires entiers en permettant de franchir un cours d’eau ou une vallée sans faire de détour. La plupart datent de plusieurs décennies, voire plusieurs siècles, et leur usure par le trafic et les épisodes météo extrêmes (orages, inondations, gel…) doit être surveillée régulièrement. Si les effondrements sont très rares, les dégradations et autres éboulements, en revanche, sont plus fréquents, mais sans danger immédiat pour la structure.
D’où des inspections régulières mandatées par les collectivités locales. « Rien que dans les Bouches-du-Rhône, nous devons contrôler 1 600 ponts en quatre ans, plus d’un par jour ! », détaille Laurent Sialelli, responsable d’opérations au service Patrimoine de Bureau Veritas. Le modus operandi ? « Des nacelles articulées qui basculent sous le pont afin de placer l’inspecteur à moins de 20 centimètres de la paroi, et pouvoir ainsi repérer des fissures de 0,1 millimètre.
En cas d’impossibilité, ou de fort trafic, on fait appel à des acrobates. Et parfois à des drones ! ». Si vous apercevez des traits de craie grasse sur le pont, c’est qu’un inspecteur a signalé une zone à réparer ou contrôler plus précisément : un laboratoire spécialisé vient alors vérifier si les câbles d’acier à l’intérieur du béton sont encore bien tendus, voire effectuer un prélèvement du béton pour en vérifier la dureté. L’état du pont est alors noté : 1, 2 ou 3 pour sa classification, et « E » (entretien demandé), « S » (sécurité en cause), « U » (intervention urgente).
DANS LES PORTS, LA ROUTE DES QUAIS EST CONTRÔLÉE PAR DES PLONGEURS
La vérification des routes des vacances ne s’arrête pas aux départementales ni aux rues du centre-ville de votre station balnéaire. Dans le port, les quais et les pontons sont aussi inspectés régulièrement. « Les moteurs et hélices des bateaux de plaisance sont de plus en plus puissants. Résultat : ils usent plus rapidement la partie des quais située sous l’eau. Ce qui peut créer des effondrements, y compris à l’arrière des quais, 5 mètres à l’intérieur du port », explique Laurent Sialelli, responsable d’opérations au service Patrimoine de Bureau Veritas, chargé par exemple de contrôler les ports de Monaco ou d’inspecter l’an dernier celui de Port-Cros. À la demande des mairies, des plongeurs formés spécifiquement sont envoyés inspecter la maçonnerie, les jointures de mortier entre les pierres, et surtout l’état du sable en bas du mur : s’il est creusé, il peut y avoir danger. Idem, les pontons à bateaux sont désormais soumis à des forces latérales (sillage des hélices, grands yachts à l’amarre) qui n’étaient souvent pas prévues lors de leur construction. Des plongeurs inspectent donc régulièrement, avant l’été, les piliers qui les soutiennent, plantés dans le sol marin.